jeudi 6 octobre 2016

Pourquoi je voterai pour Abdelilah Benkirane le 7 Octobre 2016

Entendons nous bien.
Je vis à Meknès, et je voterai donc pour la liste emmenée par Abdellah Bouanou le 7 Octobre prochain. Mais j’ai volontairement cité Abdelilah Benkirane dans le titre de mon article pour lui rendre hommage.
Cet homme a très tôt compris les subtilités de la politique marocaine, et il a bataillé longtemps à l’intérieur même de son camp, d’abord en faveur du légalisme, puis pour fonder une association, et enfin un parti.
Il a été taxé d’agent de l’Intérieur, de makhzenien. Mais il a continué, imperturbable, jusqu’à ce que tout le travail patiemment accumulé pendant 30 ans le fasse voler à la faveur des vents du printemps arabe jusqu'à la Primature.
Installé chef du gouvernement, il a su gérer en bon père de famille et résoudre des équations complexes. Les deux dossiers de la compensation et de la retraite étaient des grenades dégoupillées qui pouvaient exploser à tout moment. Elles avaient besoin d’un chef du gouvernement assez légitime et assez courageux pour les mener. Benkirane fut cet homme.
En se posant en homme d’état et non en politique frileux et/ou amorphe comme le furent en leurs temps Abbas El Fassi ou Abderrahmane El Youssoufi, le Chef du Gouvernement s’attendait en récompense à un coup de pouce de la Monarchie, à une aide sur d’autres chantiers en faveur d’un parti exerçant le pouvoir pour la première fois.
Il n’en fut rien.
Des cercles du pouvoir prirent ombrage de cet homme politique débonnaire mais fin, sachant réformer tout en restant populaire, alternant mesures impopulaires en défaveur des plus riches (décompensation, réforme des retraites) et mesures sociales populaires en faveur des veuves, des étudiants ou des retraités.
Abdelilah Benkirane, en fin connaisseur des arcanes politiques, sait qu’on ne peut rien obtenir de la Monarchie sans la pression, et qu’on ne peut rien obtenir d’elle sous la pression.
C’est un habile jeu d’équilibriste qu’il joue.
Le Parti de la Jeunesse et du Développement joue le rôle qu’ont joué l’Istiqlal, l’UNFP puis l’USFP en leurs temps. Comme ces partis, le PJD se réclame d’une haute probité intellectuelle. Il dispose d’une idéologie solide. Il est bien implanté dans la société. Il  éduque les citoyens à la pratique politique et sert de médiateur entre la population et la Monarchie. Son fonctionnement est démocratique. Tous ces facteurs et leur absence chez ses adversaires font que ce parti progresse, et que les autres reculent.
La Monarchie, bien qu’elle proclame sa volonté de partis forts et démocrates, joue encore à l’heure actuelle au « diviser pour régner ».
Mais la Monarchie doit comprendre qu’est venu le temps de laisser les partis évoluer de manière indépendante, et d’accompagner cette autonomisation par des mesures concrètes.
Une de ces mesures serait de créer dans chaque région du Royaume une école de sciences politiques dont les lauréats, formés au management public, auraient deux types de carrières possibles : être les futurs cadres locaux et nationaux des partis politiques ou être les futurs journalistes dont la tache sera d’évaluer localement et nationalement l’action de ces cadres.
Une autre mesure serait de donner des salaires de cadres aux élus des municipalités urbaines et rurales pour qu’un fonctionnaire moyen, un commerçant, un avocat ou un artisan puisse - le temps de son mandat - abandonner son métier d’origine et se consacrer pleinement à la gestion communale contre un salaire convenable.
Là s’arrête le travail de la Monarchie dans la gestion de la vie politique: tracer une route, un « cursus honorum » aux futurs hommes politiques et élus du Maroc décentralisé.
Le reste relève de la responsabilité de ces partis et du choix des citoyens qui s’exprime dans les urnes, lors d’élections libres, transparentes et régulières.
Abdelilah Benkirane, s’il est reconduit à son poste voudra entreprendre de grandes réformes. Il devra compter sur un Monarchie qui soit à ses cotés, comme lui-même fut du coté de l’apaisement aux jours incertains du printemps arabe.
Lorsque la Monarchie a coopéré avec le mouvement national, le Maroc a pu réaliser de grandes choses. Aujourd’hui le mouvement national est représenté en grande partie par le PJD. Il faut donc que la Monarchie le soutienne et le conseille.
Mieux, elle doit le donner en exemple aux autres partis. Le PAM veut être un parti libéral ? Très bien. Mais qu’il soit démocratique dans sa gestion comme le PJD. Qu’il possède des ramifications sociétales bien profondes comme lui. Qu’il ait un socle idéologique solide comme lui, avec des intellectuels pour prêcher la bonne parole libérale non pas tous les 5 ans, mais à intervalle régulière comme c’est le cas au PJD.
Et si alors le peuple veut le PAM, le PJD ne pourra que s’incliner devant le résultat d’élections sincères.
Et la leçon vaut pour tous les autres partis qui doivent se renouveler et accepter la démocratie interne et l’effort intellectuel continu. Il en va de leur survie et de la survie du multipartisme au Maroc.
Le printemps arabe, transcription de la soif de démocratie et d’égalité des citoyens arabes, ne fait que commencer. Il ne s’arrêtera que lorsque la majorité des citoyens arabes auront accès à la dignité.
Au Maroc, le Parti de la Justice et du Développement est là pour rester.  
Si Dieu le veut, si le Peuple lui renouvelle sa confiance et si le Roi l’agrée, alors Abdelilah Benkirane sera reconduit.

Et il sera alors de la responsabilité de tous  de l’aider à mener à bien sa mission.