4 remarques sur la situation
actuelle
On ne dépense
pas assez d’argent pour la santé des marocains dans l’absolu.
Plus grave, le
budget actuel est mal dépensé par défaut de management.
Avec un
management efficace, le système de santé pourrait dispenser des soins de bien
meilleure qualité avec le budget actuel.
Il faut donc plus
d’argent mais surtout un management beaucoup plus efficace.
Situation espérée
Un système de
santé au niveau de celui des pays de l’OCDE dans 20 ans :
§
Quantitativement: avoir assez de structures médicales et de personnel
médical et paramédical par habitants.
§
Qualitativement:
que le service rendu soit de bonne qualité avec une amélioration nette des
indicateurs de performance.
Philosophie de la
réforme
Pour obtenir
un système de santé de bonne qualité, il faudra:
§
Augmenter
progressivement les dépenses de santé.
§
Confier la gestion de l’ensemble des composants du système de santé à des gestionnaires privés.
§
Repartir
le budget du système de santé de façon équitable entre l’ensemble des
citoyens.
§
Donner la possibilité aux citoyens de se soigner
dans les structures qu’ils désirent grâce à leur budget personnel
octroyé annuellement par l’Etat.
La concurrence
ainsi créée permettra d’améliorer la qualité du service, et de baisser
les prix.
Les patients
auront le choix entre différents dispensaires, hôpitaux, centres de
rééducation… et seront non plus perçus comme des patients anonymes
dépourvus de droits, mais comme des patients-clients individuels à
conquérir, satisfaire et fidéliser.
11 mesures à prendre
1. Augmentation
du budget du Ministère de la Santé
Augmenter en 5
ans le budget du Ministère de la Santé pour passer de 13 milliards de Dirhams
par an à 20 milliards de Dirhams par an (de 400 Dhs à 600 Dhs par
habitant et par an).
Cette
augmentation sera financée par le budget général de l’Etat.
2. Mise en
place d’un outil de mise en œuvre : Agence Nationale de Santé (ANS)
Gérée de manière indépendante
par des technocrates appliquant un cahier des charges prévu dans la
réforme.
L’ANS est chargée
de superviser la mise en gestion des structures de santé par les
gestionnaires privés.
3. Mise en
gestion de l’ensemble du système de santé par des gestionnaires privés
L’ANS met en
place des packs comprenant obligatoirement des hôpitaux et
dispensaires ruraux mixés avec des hôpitaux et dispensaires urbains.
L’ANS émet un appel
d’offre pour la gestion de ces packs d’établissements de santé.
Les gestionnaires
pourront être n’importe quel investisseur s’entourant des garanties fixées par
le cahier des charges, notamment:
§
Les médecins ayant ou non déjà une clinique,
associés à des financiers.
§ Les fonds d’investissement,
les banques, les assurances marocaines et étrangères.
L’ANS met en
place des indicateurs de performance et réévalue chaque 3 ans
les performances de chaque structure de santé : toute structure ayant une note
globale inferieure à 75% sur plus de 3 ans est retirée de facto à son
gestionnaire et réaffectée à un gestionnaire plus efficient.
4. Délivrance
à chaque citoyen d’une carte de crédit biométrique
Créditée d’une somme
annuelle identique par tranches d’âge:
§
0-5 ans: 700 Dhs
§
6-10 ans: 600 Dhs
§
11- 50 ans: 500 Dhs
§
51-60 ans : 600 Dhs
§
61-70 ans : 700 Dhs
§
Au delà de 70 ans: 800 Dhs
Débitable uniquement
en milieu de santé (cabinets médicaux, dentaires, paramédicaux, pharmacies,
dispensaires, hôpitaux, laboratoires etc.…).
Le montant qui
n’est pas consommé est cumulé pour les années suivantes.
5. Conclusion
de Partenariats Public Privés
Pour l’ouverture
de nouvelles structures de santé sur l’ensemble du territoire, financées
par le privé, avec un foncier étatique offert :
§
10 CHU.
§
12 Facultés de Médecine et de Pharmacie, 50 Instituts de
Formation aux Carrières de Santé, 6 Facultés de Chirurgie Dentaire (cf. mon
article sur la réforme du système éducatif).
§
100 hôpitaux de 200 lits.
§
4000 dispensaires.
Le privé
investira car il saura que les citoyens disposent d’un budget santé : la
rentabilité est donc assurée à condition d’offrir de la qualité.
6. Mise en
place d’indicateurs de performance
Mesurés et
publiés annuellement par l’Agence Nationale de Santé.
Ils comprendront
pour chaque structure le nombre de consultations ou d’actes effectués,
le taux de satisfaction globale des patients, les certifications
de l’établissement, le nombre de plaintes éventuelles contre l’établissement
etc…
7. Abolition
de la carte sanitaire
Aujourd’hui,
l’habitant d’un quartier donné qui veut se soigner dans le secteur public ne
peut aller que dans un dispensaire donné, puis dans un hôpital donné.
Cela crée des
situations de micro monopoles qui font que la qualité baisse.
Il faudra donc abolir
cela et laisser les patients libres du choix de leur établissement de
santé.
8. Autorisation
du personnel de santé de certains pays d’exercer au Maroc
Publication d’une
liste de faculté dont les diplômés peuvent exercer au Maroc dans les mêmes
conditions que les médecins marocains : tous les diplômés des pays de l’OCDE
ainsi que les diplômés de certains autres pays (Algérie, Tunisie,
Sénégal, Roumanie…).
Cela permettra de
combler le déficit actuel en personnel de santé en attendant d’avoir
formé le nombre suffisant de cadres médicaux et paramédicaux marocains.
9. Autorisation
et subvention des assurances à gérer des structures de santé
Négociation entre
l’Etat et les assurances afin de couvrir la population : l’état
donne une dotation au citoyen, le citoyen choisit une assurance et paye sa
cotisation annuelle grâce à la dotation étatique.
Lorsque les
patients nécessitent des soins, ils sont traités dans les structures
de santé gérés par ces assurances.
Les assurances se
chargent de tout frais médical des assurés en échange de la dotation étatique.
Pour diminuer les
couts de remboursement, ces assurances feront du dépistage et de
la prévention, ce qui entrainera une amélioration continue des indicateurs
de santé de la population :
§
Exemple : Une hypertension artérielle dépistée à
temps nécessite un traitement de 50 dirhams par mois, alors que si elle n’est
pas dépistée, une de ses complications qu’est l’insuffisance rénale coute 3000
Dirhams par mois.
§
Comme ce sont les assurances qui payent les soins de
l’assuré, elles feront de l’éducation sanitaire, du dépistage, du diagnostique
précoce et de l’éducation à la compliance afin que les pathologies soient diagnostiquées tôt afin
de réduire le cout des soins, ce qui est bénéfique pour l’état, pour le
patient, et pour la rentabilité de cette assurance.
Lorsque les frais
de soins seront supérieurs à la dotation étatique mais
inferieurs à 6 mois de SMIG, ce sera au patient de payer s’il ne dispose
pas de couverture médicale.
Les assurances signeront
des accords avec des banques et des organes de microcrédit pour des crédits
et du microcrédit santé gratuit (le taux sera payé aux banques par l’état).
§
Exemple : une hospitalisation pour lithiase vésiculaire
coute aujourd'hui 5000 Dhs. Avec la concurrence créée par la réforme, ce prix
pourra descendre à 2000 Dhs. Si le patient a juste 1000 Dhs dans sa dotation,
il pourra contracter un microcrédit de 1000 Dhs à 8% pour payer le reliquat. Il
remboursera 100 dirhams par mois pendant 10 mois à l’organisme de microcrédit,
les 8% de crédit étant payés directement par l’état à l’organisme de
microcrédit.
Les interventions
dont le cout est supérieur à 6
mois de SMIG sont entièrement prises en charge par un fond spécial
alimenté par une taxe de 1% sur le Chiffre d’Affaires des entreprises d’assurance
santé ainsi que du secteur médical, paramédical et pharmaceutique).
10.
Subvention des mutuelles et des
établissements de santé à but non lucratif
Mouvement mutualiste,
fondations, associations…
L’état offrira le
foncier et une aide annuelle en fonction des résultats de ces
structures.
Ces structures
s’engageront en contrepartie à respecter un cahier des charges.
11.
Autorisation de la publicité médicale
Le citoyen
marocain dépense actuellement 6 fois plus d’argent pour communiquer (téléphone
et internet) que pour acheter des médicaments (2600 Dhs par an versus 400 Dhs
par an).
Seule la
publicité fait consommer, or le citoyen a besoin de consommer des soins médicaux,
dentaires, d’hygiène, paramédicaux etc.…
La publicité sera
encadrée par une loi sur la communication médicale
Les actions de
santé publique seront relayées par des actions de communication ciblées en
étroite collaboration avec les gestionnaires des structures de santé :
§
Exemple : campagnes annuelles dépistage du
cancer du sein chez la femme de plus de 40 ans, dépistage du cancer de la
prostate chez l’homme de plus de 50 ans etc… avec une forte pression
médiatique.
§
Actions ciblées : « A la polyclinique Hippocrate,
vous bénéficiez d’un check up des 90% des maladies les plus graves pour
seulement 599.99 Dhs », « Vous buvez beaucoup? Vous urinez
beaucoup? Vous êtes peut être diabétique. Le cabinet Esculape vous fait
une glycémie gratuite ».
Conséquences de la
réforme
1. Des
citoyens-patient-clients
Grace à cette
réforme on crée :
§
De l’égalité
car tous les citoyens disposeront du même budget de santé et auront le choix
entre différents prestataires.
§
De la qualité
car les citoyens se dirigeront vers les structures avec les meilleures critères
de performance : les réseaux de santé de bonne qualité se développeront
tandis que les réseaux de moins bonne qualité devront se reformer ou être réaffectés
a des gestionnaires plus efficients.
Cette concurrence
permettra logiquement d’améliorer la qualité des soins fournis et de baisser
les prix.
2. Une
amélioration inclusive
Les
investissements se concentreront au niveau les grandes villes à fort pouvoir
d’achat, mais ils concerneront aussi les campagnes, même les plus
reculées.
En effet, aujourd’hui
le secteur privé n’investit pas dans le monde rural car le pouvoir d’achat des
citoyens ruraux est jugé faible.
Mais avec
cette réforme, le pouvoir d’achat de base du citoyen(ne) d’Anfgou
sera similaire au pouvoir d’achat de base du casablancais et de la
casablancaise, avec en plus l’avantage d’une concurrence nulle à
Anfgou!
3. Des
investisseurs intéressés
Un marché énorme:
60 Milliards de Dhs qui pourra atteindre les 80 Milliards de Dhs
si chaque citoyen paye 50 Dhs par mois pour son assurance
complémentaire.
Un marché
stable : il y’aura toujours des patients et ils consulteront toujours
soit pour se soigner, soit pour être dépistés.
Des taux de rentabilité
intéressants (8 à 20%).
Une gouvernance
autonome : grâce à l’ANS qui met en place les guidelines, critères de
performance et juge en toute objectivité, les investisseurs ne sont pas soumis
aux aléas des choix de gouvernements politiques, mais uniquement aux critères
de performances objectifs établis par l’ANS qui sera une structure autonome
vis-à-vis du Gouvernement.
Tous ces
facteurs feront qu’il
y’aura des investissements massifs, dans les villes mais surtout dans
les campagnes où la concurrence est plus faible.
Conclusion
Un marché important
et sûr fera que les investisseurs injecteront des milliards
de Dirhams pour rénover les anciennes structures de santé et en bâtir
de nouvelles.
La concurrence
entre les grands groupes de santé fera que le prix des prestations
médicales diminuera tandis que la qualité de ces prestations augmentera.
Tous les
patients recevront la
même dotation et seront égaux, en ayant le choix de leur
fournisseur de santé.
Les assurances
auront un rôle important de santé publique par la couverture des risques
sanitaires et la gestion des structures de santé.
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